Epidendrum vanilla L., la vanille sauvage

Dessin sur papier, rehauts à la plume et à l’aquarelle, entre 1687 et 1704, <em>Americanarum plantarum icones</em>, tome 1, f° 156.

Epidendrum vanilla L., la vanille sauvage

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Epidendrum vanilla L. en fleur par Charles Plumier.

Dessin sur papier, rehauts à la plume et à l’aquarelle, entre 1687 et 1704, Americanarum plantarum icones, tome 1, f° 156.

Bibliothèque de l’Institut de France, collection Benjamin Delessert, ms. 980

Description botanique

Actuellement reconnue sous le nom scientifique de Vanilla mexicana Mill., Epidendrum vanilla L. (son synonyme) est une plante de la famille des Orchidacées faisant partie du même groupe que Vanilla planifolia Andrews, principale espèce à l’origine de l’épice douce et richement aromatique nommée vanille.
Appelée vanille sauvage ou vanille sans odeur, elle est, comme sa parente odorante, une plante originaire d’Amérique centrale. C’est une liane grimpante herbacée* qui peut atteindre 15 m de long et qui, au gré de sa croissance en hauteur, forme des racines aériennes lui permettant de se fixer à la surface d’arbres et de vivre en épiphyte* dès lors que la partie inférieure de sa tige finit par mourir.
Son inflorescence* compte jusqu’à 6 fleurs vert pâle avec des pétales et des sépales* tordus et aux allures froissées. La corolle* forme deux lèvres blanches. Le fruit du genre Vanilla, improprement appelé "gousse" dans le domaine de la cuisine, est en réalité, en termes botaniques, une capsule* aux graines noires et brillantes.
Cette espèce apprécie les zones humides côtières et les marais des régions de l’Amérique tropicale.

Epidendrum vanilla L. sur le site de l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN)

*mot défini dans le lexique

De mystérieuses annotations

« Les dessins de ce recueil portent tous des notes manuscrites en latin. On ignore quels botanistes célèbres ou quels bibliothécaires savants les ont rédigées au fil des siècles… Elles ont pour but d’identifier l’espèce présentée. »
Dans le cadre, vanilla flore viridi et albo, fructu nigrescente inodoro signifie « vanille à la fleur verte et blanche, au fruit tirant sur le noir, inodore ». Sous le cadre, « Epidendrum vanilla Linn. » indique le nom sous lequel Carl von Linné désigna l’espèce avant qu’elle ne reçoive son nom actuel (Vanilla mexicana Mill.). Burm. Ic. 188 renvoie à la reproduction gravée du dessin de Plumier dans l’ouvrage Plantarum americanarum édité par Johannes Burman à Amsterdam en 1755-1760, dessin (icon) n° 188 (voir la galerie complémentaire).

Les Européens et la vanille : toute une histoire

C’est au Mexique, en 1519, que les troupes espagnoles d’Hernán Cortés découvrent la vanille. Le souverain aztèque Moctezuma partage avec eux une boisson mêlant la douceur de la vanille à l’amertume du cacao. Les petites « gousses » noires représentent alors un bien précieux en Amérique même et les populations locales parviennent à en dissimuler longtemps l’origine aux Européens. Au siècle suivant toutefois, des pieds de vanille parviennent en Europe où ils sont cultivés sous serre.
Ils y fleurissent, mais aucune fructification n’a lieu. La morphologie de la fleur rend en effet nécessaire l’intervention d’un insecte, l’abeille mélipone, naturellement présente dans les forêts mexicaines, pour rompre les tissus de la plante et permettre sa pollinisation. Il faut attendre le début du XIXe siècle pour que soient élaborés des procédés de pollinisation manuelle (la main humaine se substituant à l’insecte par un geste précis). Le plus efficace d’entre eux est inventé par un jeune garçon, Edmond Albius, esclave à La Réunion. L’île devient par la suite le premier producteur mondial de vanille, avant d’être supplantée par d’autres comme Madagascar.