Diapensia lapponica L., la diapensie de Laponie

<em>Plantæ Lapponicæ ab ipso Linneo collectæ</em>, f° 55. <a href="https://bibnum.institutdefrance.fr/ark:/61562/bi24305" target="_blank" rel="noopener">Bibliothèque de l’Institut de France, collection Benjamin Delessert, ms. 973 Réserve</a>.

Diapensia lapponica L., la diapensie de Laponie

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Spécimen de diapensie de Laponie récolté par Carl Linné en Laponie en 1732

Plantæ Lapponicæ ab ipso Linneo collectæ, f° 55. Bibliothèque de l’Institut de France, collection Benjamin Delessert, ms. 973 Réserve.

Photo © RMN-Grand Palais / Adrien Didierjean & Tony Querrec.

Description botanique

Diapensia lapponica L. est une plante arbustive naine (moins de 6 cm de hauteur) de la famille des Diapensiacées, à l’allure typique des plantes des sommets de montagne secs, soumises aux vents forts et à l’évaporation excessive : cette espèce à croissance très lente forme de denses coussins aux rameaux très ramifiés et fixés au sol par de solides et profondes racines pivotantes*. Ses feuilles, sans pétiole*, sont épaisses et persistantes.
Ses fleurs portent cinq sépales* et cinq pétales blancs ou rosés. Ses fruits sont de petites capsules* emportées par la neige fondue au printemps et qui germent dans les milieux ouverts ou les graviers.
L’habitat de la diapensie de Laponie correspond aux crevasses des rochers, aux éboulis et aux pâturages rocailleux des sommets montagneux.

Diapensia lapponica L. sur le site de l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN)

*mot défini dans le lexique

De mystérieuses annotations

« Les spécimens de cet herbier sont tous accompagnés de notes manuscrites en latin. Elles ont pour but d’identifier l’espèce présentée. Sont-elles de la main de Linné lui-même, d’un autre botaniste ou d’un bibliothécaire ? Difficile de trancher… »
Diapensia Fl. lapp. p. 55 tab. 1 fig. 1 indique que cette espèce fait l’objet d’une gravure dans la Flora Lapponica éditée par Carl Linné en 1737, planche 1, figure 1 (voir la galerie complémentaire). Androsace alpina perennis angustifolia, glabra, flore singulari. Tournef. Inst. p. 129 renvoie à l’ouvrage de Joseph Pitton de Tournefort, Institutiones rei herbariae, qui décrit une espèce comparable (en fait p. 123). Les lignes suivantes renvoient à d’autres ouvrages botaniques.

Linné et les plantes de haute montagne

Le jeune Linné venait de passer le cercle polaire lorsqu’il observa, le même jour, Diapensia lapponica L. et Ranunculus glacialis L. Il décrit dans son carnet de voyage le milieu naturel environnant :
« Le 6 juillet, je suis parti de Hyttan [aujourd’hui Kvikkjok, près de la frontière norvégienne] pour trouver, à un quart de mille de là, la montagne Vallavari accessible à son sommet par un chemin lui-même d’un quart de mille. Lorsque je suis arrivé à son pied, j’ai eu l’impression d’être transporté dans un monde nouveau, et lorsque j’ai atteint son sommet, je ne savais plus si j’étais en Asie ou en Afrique, car le terrain, la situation, les plantes, tout m’était inconnu. J’étais bien maintenant en montagne. Tout autour de moi des sommets neigeux, et je marchais dans la neige comme au plus fort de l’hiver. Toutes les plantes rares que j’avais vues et cueillies auparavant m’étaient offertes ici comme en miniature, et en telle quantité que j’ai eu peur, car j’étais convaincu que je ne pourrais pas venir à bout de leur examen. »
Il liste alors trente plantes en les décrivant brièvement, parmi lesquelles Diapensia lapponica L. et Ranunculus glacialis L. ainsi que d’autres : Alchemilla alpina, Sibbaldia procumbens, Azalea procumbens, Saxifraga stellaris, Dryas octopetala.

Carl von Linné, Carnets de voyage en Suède. Textes établis, traduits du suédois et annotés par Vincent Fournier, Paris, Michel de Maule, 2008, p. 45.