Begonia obliqua L., un bégonia
Begonia obliqua L., un bégonia
Un bégonia à fleurs roses par Charles Plumier.
Dessin sur papier, rehauts à la plume et à l’aquarelle, entre 1687 et 1704, Americanarum plantarum icones, tome 1, f° 109.
Bibliothèque de l’Institut de France, collection Benjamin Delessert, ms. 980
Description botanique
Begonia obliqua L. est une plante vivace au port arbustif pouvant atteindre 1 m de haut, de la famille des Bégoniacées. Ses tiges sont vertes à rougeâtres et charnues. Ses feuilles sont entières, asymétriques et dotées de longs pétioles*. Sur un même pied, on décrit deux types de fleurs en fonction de leurs pièces reproductrices : les fleurs mâles abritent des étamines* fonctionnelles, portent quatre sépales* roses et quatre pétales blancs tandis que les fleurs femelles hébergent le pistil* et portent des pétales rougeâtres.
Originaire et endémique* des Caraïbes où elle est assez commune, Begonia obliqua L. apprécie les zones montagneuses des forêts humides, mais se retrouve également dans des milieux anthropisés comme les bords de chemins et de routes.
Plus généralement, le genre Begonia abrite de nombreuses espèces herbacées ou arbustives principalement originaires des régions tropicales chaudes et humides d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale.
On cultive dans nos intérieurs et dans nos jardins de nombreuses espèces de bégonias, dont Begonia semperflorens (l’épithète signifie « toujours en fleurs ») ainsi que de nombreux hybrides et cultivars horticoles, appréciés pour leur floraison spectaculaire ou leur feuillage décoratif.
Begonia obliqua L. sur le site de l’Inventaire National du Patrimoine Naturel
*mot défini dans le lexique
De mystérieuses annotations
Les dessins de ce recueil portent tous des notes manuscrites en latin. On ignore quels botanistes célèbres ou quels bibliothécaires savants les ont rédigées au fil des siècles… Elles ont pour but d’identifier l’espèce présentée.
Dans le cadre, Begonia roseo flore, folio aurito, minor ac hirsuta signifie « Bégonia à fleur rose, à feuille en forme d’oreille, petit et hérissé de piquants ». Sous le cadre, Burm. ic. 45 f. 2 renvoie à la reproduction de ce dessin gravée par Johannes Burman dans l’ouvrage Plantarum americanarum (1755-1760), dessin (icon) n° 45, figure 2 (fascicule 2) (voir la galerie complémentaire). L’indication « 3.2 » en haut à droite renvoie aux dessins préparatoires de Charles Plumier aujourd’hui conservés au Muséum national d’Histoire naturelle (voir la galerie complémentaire).
Les Européens et les bégonias : tout une histoire
Charles Plumier découvre aux Antilles un ensemble de petites plantes herbacées qu’il juge se ressembler et à qui il attribue le nom de Bégonia en hommage à Michel Bégon, l’intendant du roi à Rochefort à l’origine de son expédition vers les îles. C’est la première fois qu’une plante est ainsi dédiée à une personne : Charles Plumier invente la dédicace botanique. Le genre Begonia devient officiel lorsque Joseph Pitton de Tournefort le mentionne en 1700 dans son ouvrage Institutiones Rei Herbariae, et sera ensuite repris par Carl von Linné.
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les bégonias sont peu à peu acclimatés dans les jardins botaniques européens. Ils étaient déjà bien connus en Asie, où ils servaient de modèle aux peintres. Ils font l’objet de nombreuses hybridations et remportent un succès croissant auprès des jardiniers, notamment à la Belle Époque.